Une question qui me turlupine en tant que conteur bruxellois :
qu’est-ce que l’esprit bruxellois au 21ème siècle? Que conserver et
comment transmettre la truculence « pagnolesque » de nos prédécesseurs
sans sombrer dans la nostalgie et dans le folklorisme naphtaliné ?
Comme le dit Georges Lebouc dans « Les Zwanzeurs,
anthologie de l’humour bruxellois » : « …un trait commun à l’esprit bruxellois : son côté frondeur, voire
iconoclaste qui atteste un sens de la dérision qui débouche fort heureusement sur l’autodérision… »
Voilà déjà quelques caractéristiques intéressantes :
bien au-delà de l’accent et du vocabulaire qui n’en sont que l’expression, l’esprit
bruxellois est frondeur, iconoclaste et ne craint pas l’autodérision. Pour bien
percevoir l’importance qu’il y a à transmettre cet esprit bruxellois, je ne
peux que reprendre ci-après un extrait de la fameuse « Lettre au Roi »
de Jules Destrée du 15 août 1912 :
« …une seconde
espèces de Belges s’est formée dans le pays et principalement à Bruxelles. Elle
semble avoir additionné les défauts des deux races, en perdant leurs qualités.
Elle a pour moyen d’expression un jargon innommable dont la famille Beulemans
et Kakebroek ont popularisé la drôlerie imprévue…c’est un agglomérat de métis… »
A la lecture de cet édifiant extrait j’ai très envie de dire
« je n’aime pas ce garçon », mais je suis surtout conforté dans ma
conviction que l’esprit bruxellois est plus que jamais d’actualité. Dans une
ville cosmopolite et multiculturelle, nous sommes en effet comme le disait si
bien ce Jules un « agglomérat de métis »et c’est tant mieux. On ne
sait que trop où la « pureté de la race » peut nous mener. Voilà peut-être le cœur de l’esprit
de « l’echte brusseleir », l’esprit du « zinneke » qui
résulte de plus d’un millénaire de brassage culturel et qu’il convient de
transmettre et de perpétuer.
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